« Cher Journal ;
En ce mardi 12 octobre 1993 ;
Le froid s’installe de plus en plus vite, autant dans notre belle et sombre ville de San Fransisco que dans notre maison… Papa vient de partir en claquant la porte. Il a encore frappé maman et je n’ai pas pu l’aidée… J’étais tellement terrifiée que je n’ai pas pu bouger … J’ai seulement entendu les coups claquer contre la peau douce de maman et j’ai pleurer … J’ai pas arrêter de pleurer … J’espère que Papa ne reviendra jamais … Qu’il est parti pour ne jamais revenir … Mais il finit toujours par revenir, et maman lui pardonne tout …. Et ça recommence encore et encore … Je veux qu’il nous laisse tranquille … J’ai entendu parler maman au téléphone tout a l’heure. Elle disait a Martina, son amie du Mexique, qu’elle avait surtout peur qu’il s’en prenne a moi, parce que j’ai 10 ans et que je n’ai pas – je cite – la langue dans ma poche … Je m’en fiche s’il me frappe, tant qu’il arrête d’anéantir maman … Et Drew, mon petit frère .. Est –ce que papa s’en prendra a lui quand il sera plus grand ?
J’ai peur, cher journal, et je ne sais pas pourquoi je t’écris, parce que tu ne nous protégeras pas, pas vrai ? Tu risquerais même de rendre papa encore plus fou que la normal si il tombait sur toi.
Bonne nuit.
Daphne; »
La page de mon vieux journal intime se froissa quand mon poing se replia, la rage m’envahissant à nouveau... Je ravalai mes larmes de colère et refermai ce petit cahier bleu qui avait accompagné mon enfance. C’était dur de relire tout ça.. Surtout quand ma vie avait totalement changé.
J’avais grandit dans une banlieue de San Fransisco glauque et morbide, il est vrai, mais quand, à la mort de maman, mon frère Drew et moi avons été confié à notre Oncle Montgomery, la chance nous a enfin réellement sourit. Ou presque.
Flash Back
Les sirènes des ambulances s’éloignaient de plus en plus de notre petite banlieue, emmenant le corps inerte de ma mère. L’anniversaire de mes 13 ans : Belle réussite. Serrant mon frère de 10 ans contre moi, essayant de rester forte et de ne pas pleurer, j’espérais un miracle pour que ma mère survive à ses blessures ; pour qu’elle ne nous laisse pas seule. Une assistante sociale était sensée venir quelques heures après, nous dire comment allait maman et ce qu’on allait faire de nous en attendant. Drew et moi, on s’est installé sur le canapé de salon et on s’est roulé en boule dans les draps, l’un contre l’autre… J’avais peur … Et je revoyais la scène de papa battre maman de plus en plus fort. Je me suis interposée, d’ailleurs, et je crois que c’est pour ça qu’il est parti … J’ai la joue qui me brule encore, et mes larmes me font mal… Drew s’endort contre moi. Je le borde doucement, même si ce n’est plus un bébé. Je veux le protéger. Et puis, je ne peux m’empêcher de pensé qu’il va revenir, pour me frapper encore, et pour chercher maman… Je n’ose même pas imaginé ce qui se passera… Finalement, je plonge dans un sommeil profond.
Le téléphone sonne et me sort de mon sommeil. C’est l’école. La secrétaire est furieuse qu’on ne soit pas venus en court, Drew et moi. Faut dire que, j’ai seulement 13 ans, mais qu’on ne me voit pas beaucoup en cours. Je vais dans un vieux salon de coiffure qui appartenait à Tina a la place, et je m’entraine sur les têtes à coiffer.. Les cours je m’en tamponne pas mal. La secrétaire crie et je la voie déjà postillonner sur son bureau bon marché. J’essaie de ne pas crier, et lui explique que maman a eu un « accident » et qu’elle est a l’hôpital. Drew et moi on n’est pas venu pour resté près d’elle et qu’on vient de rentrer, ce qui est faux. Tout de suite elle fait sa curieuse et me demande ce qui est arrivé, plus inquiète du nouveau potin que de la santé de maman. Je ne me donne même pas la peine de répondre, je lui boucle au nez. Notre histoire ne la regarde pas. Et puis si elle était au courant, elle appellerait directement les services sociaux et nous enlèverait à maman. Ce téléphone me donne une idée. Je réveille mon frère, les yeux encore pleins de sommeil et, pendant qu’il déjeune, je me prépare. Je fouille dans la trousse a maquillage de maman et je recouvre le bleu que j’ai au coin de l’œil avec du fond de teint bizarre.. Ça se voit que j’ai mis quelque chose, mais tempi.
Drew ouvre enfin la porte d’entrée après s’être préparé, mais on tombe nez à nez avec une jeune femme à la chevelure brune et au petit nez retroussé. Elle porte un tailleur de grande marque et est tellement chic qu’on se demande si elle ne s’est pas trompée d’adresse. C’est l’assistante sociale qui devait passer hier soir. Elle nous annonce qu’elle est désolée … Je ne comprends pas tout de suite et puis, finalement, je saisi le sens de ses mots et j’éclate en sanglots violents. Drew ne comprend pas ce qui me pousse a pleurer autant. Je m’écroule sur le porche et j’ai l’impression de mourir à mon tour.